Cela fait bientôt 10 ans que les habitants de Beit Jala, la ville palestinienne où se situe le monastère, se battent. En 2004, le gouvernement israélien commence la construction du mur entre la Cisjordanie et Israël. Mais le tracé est fortement contesté à cet endroit-là. Les Palestiniens refusent de voir leur vallée dévastée par un mur de 8 mètres de haut.
Au centre des débats, le monastère et le couvent de Crémisan qui sont menacés de séparation par Israël. Les moines sont connus dans toute la région notamment pour le vin qu’ils produisent. Les habitants entament alors une série de démarche pour empêcher cette construction. Mais début juillet, la Cour suprême israélienne tranche finalement : la construction du mur est autorisée. Les monastères resteront côté palestinien, mais plusieurs hectares de terrains appartenant à des familles palestiniennes passeront de l’autre côté du mur, ce qui rendra leur accès plus difficile.
Crémisan préoccupe le Vatican
Les habitants de Beit Jala ont rapidement reçu le soutien de l’Eglise locale. Beit Jala est l’une des rares communes de Cisjordanie a posséder encore une majorité chrétienne. Le prêtre de la paroisse, le père Ibrahim Shomali, a l’idée d’organiser chaque semaine des messes de protestation sur les terrains qui sont menacés. Lui et ses paroissiens alertent la hiérarchie catholique à Jérusalem.
La messe de Noël de l’an dernier était dédiée à la vallée de Crémisan. Une lettre a même été transmise au pape pour lui faire part de la situation. Lors de sa venue en Terre sainte en mai 2014, François s’arrête longuement devant le mur à Bethléem et il promet de prier pour la paix aussi souvent que possible. Sans succès apparemment. Les habitants et l’Eglise promettent aujourd’hui de tout tenter pour faire changer cette décision mais cela semble compromis.
Les relations entre le Vatican et les autorités palestiniennes visées ?
C’est ce que pensent beaucoup de personnes à Beit Jala, à commencer par le responsable de la paroisse. Il accuse ouvertement Israël de s’être vengé de l’accord scellé en mai dernier entre le Saint-Siège et les autorités palestiniennes. Cet accord implique la reconnaissance de l’Etat de Palestine par le Vatican. La décision a été condamnée côté israélien. Mais les autorités israéliennes réfutent cette hypothèse. « La Cour suprême est un organe indépendant », répètent-ils. « Il faut terminer le mur de séparation qui est aujourd’hui construit à 80 % ».